Je projette de créer mon activité professionnelle en 2015 en tant que Guide Cyclotouriste Haute Montagne pour Etrangers.
Je relate sur ce blog mes entraînements, reconnaissances de parcours et organisation de ma structure.

dimanche 19 octobre 2014

Cols du Grand Colombier et de la biche : Des défis de taille !!! Des merveilles peu connues !!!

Bien que d'une réputation certaine, je n'avais pas spécialement en tête le Grand Colombier dans le top des cols les plus exceptionnels - quelle erreur ! Autant de par sa difficulté que de par sa splendeur au sommet, il est définitivement l'un des plus grands.

Un ami m'en parlait depuis des mois et je me disais que oui, il faudrait l'ajouter à ma liste 2014 de cols gravis si possible. Il y a quatre semaines de cela, alors que je me lançais dans mon séjour test de quatre jours dans les parcs régionaux du Mercantour et du Queyras, cet ami avait entrepris l'ascension du Grand Colombier. Je ne pouvais malheureusement pas me joindre à lui, ayant rendez-vous avec les cols de la Cîme de la Bonette et d'Agnel.

Après ce séjour test, il me fallait passer à une phase de récupération et d'assimilation. Hormis un défi Grenoble-Nice aller/retour que la météo et des contraintes personnelles n'ont pas permis de réaliser, je ne prévoyais rien d'autre que de rester sur mes terres d'entraînements dans les Monts d'Or essentiellement. Quant mon ami me relança: "Alors vas tu faire le Grand Colombier cette année?" J'avouais l'envisager pour l'année prochaine. J'avais étudié la chose dans le détail, et les trop forts pourcentages, jusqu'à 16 % !!!, me faisait craindre de ne pas m'en remettre alors que j'étais dans une phase même de récupération. 

Ce vendredi soir pourtant, tout changea ! Je savais ce col pas très loin de Lyon, à peine une heure de train. Une magnifique météo prévue pour le week-end et rien de particulier au programme, le germe en sommeil vint alors à éclore.

Le parcours avait déjà été programmé sur Strava depuis longtemps, et comme je me déplace toujours uniquement avec de grands objectifs, l'itinéraire affichait quelques 140km et 4000 m de D+. Un beau challenge !!! Le col du Grand Colombier était bien l'objectif majeure de cette sortie mais sur le parcours s'y est ajouté le col de la Biche. Jamais entendu parlé, et pourtant quelle découverte !!! Tant par la difficulté, certes quelques tons en dessous du Grand Colombier, mais aussi par sa vue extraordinaire sur le Mont Blanc - ce col restera un souvenir inaltérable ! Beaucoup d'exclamations dans ce paragraphe qui traduisent toute l'intensité de l'expérience vécue.

Départ de Lyon à 6h38 avec le train en direction de Genève, arrivée à Tenay à 7h15. Il faisait fichtrement nuit à mon arrivée. J'oubliais que la montagne occulte le lever du soleil pour peu que l'on soit sur le mauvais versant. Après une heure de route en direction de Hauteville-Lompnes, j'ai eu une curieuse impression, celle de me réveiller ! 

Pas trop mal en jambes aujourd'hui, ça tourne - il valait mieux...

Le paysage avait un côté mystique, une brume inquiétante, presque vivante couvait les villages et habitations isolées dans la vallée.
Nuit, lever du jour et brume dans la vallée

Arrivai-je ensuite au sommet après le col de la Lèbe pour un spectacle à venir qui se devinait grandiose...

Ce qui s'annonce semble somptueux, ce sera au delà...

Le rendu photographique ne sera malheureusement pas ou heureusement guère mieux que celui-là :

Je n'étais pas venu pour cela, je reviendrai aussi pour cela !

L'ascension m'avait maintenu en bon état thermique, il en fut bien autrement dans la descente où j'ai serré les dents et contracté les muscles pour supporter le froid, malgré l'équipement quasi-adapté aux conditions du jour.

La vitesse décuple l'impression de froid.

Je me dois aussi de rendre hommage à la féerie des couleurs automnales qui a coloré avec incandescence et flamboyance ma rétine.

De ses ultimes souffles, la nature offre un dernier spectacle.

Duquel naîtra le renouveau, la vie est belle parce qu'elle est finie.

Et quand ma propre heure viendra, les journées comme celles-ci seront des souvenirs emportés au paradis, ou en enfer... peu importe :p

Et c'était parti pour l'ascension du Grand Colombier depuis Artemare/Talissieu et Chavorney ! Quelques données des segments de cette ascension :
  • Mont Colombier en Paradis 15,9km 1255m D+ et   8%
  • Grand Colombier                   8,6km   830m D+ et 10%
  • D120C Climb                         1,3km   213m D+ et 16% !!!!!!!!!!!!!
Caméra GoPro en route, manches retroussées, col ouvert, pâtes de fruit prêtes - Géronimo !!!

Je me sentais vraiment bien au début, les sensations étaient là. Dans des pourcentages à 8, 9 ou même 10%, j'étais dans mon rythme. Vinrent ensuite des passages à 14%, que je pensais être ceux à 16%, je me disais, ça va je gère...jusqu'à ce que je parvins vraiment dans ce fameux segment...

La pente est tellement importante que ma roue avant décollait. Je dus fournir les efforts et la concentration pour progresser sans chuter, avec d'autres facteurs de danger : les feuilles mortes et humides, des graviers ou cailloux. Pas de voiture croisée, ni d'autres cyclistes autour de moi et très heureusement ! La route est étroite, le risque de collision est très élevé. En cas de sortie entre copains, distances de sécurité à observer !! Même tout seul, j'ai failli chuter. Avec ma roue avant à garder au sol, l'équilibre à conserver à 7,5km/h et un coeur à 170 pulsations par minute, j'ai manqué de peu de goûter au bitume. Je me demande aussi comment j'aurais pu repartir autrement qu'à pied avec cette pente diabolique ! 

Video ascension D120C (à venir)
A la peine ? Non, à l'Agonie !!! 7,5km/h de vitesse moyenne sur ce tronçon !

Et j'y suis arrivé, le mur était franchi, en route pour le sommet ! Les jambes tournaient enfin un peu plus pour soulager mes muscles. Je fus enfin guéri complètement en une seul seconde en arrivant à 50m du sommet, non pas par la fin d'un quasi-calvaire mais la promesse d'une récompense sans nulle mesure...

Le prix pour mes efforts s'annonçait des plus grandioses

S'il est un dieu qui a créé cela, il est définitivement moins physicien ou mathématicien qu'artiste !

Contemplatif devant tant de grandeur...

On souffre à deux - mes plus grands égards à mon fidèle destrier

La descente c'est par là :

Une palette de bleus pastels incroyable !

Ravitaillement habituel auprès des pommiers et poiriers du coin, fruits à profusion ! Vitamines, minéraux, sucres et eau - recharge complète !

Après les pommes d'Auvergne, les poires du Bugey

Petite supérette/boulangerie au pied du col de la biche (ravitaillement en eau - de nombreuses fontaines "eau non potable" en chemin), arrêt technique et 11km d'ascension, c'est tout... sauf que contrairement à d'habitude, je me suis poussé dans mes derniers retranchements avant, et que généralement les cols les plus durs sont à 8% de pente moyenne - celui-ci en affiche neuf, je l'ai constaté dans le dur parce que 1% de plus, ça fait bien toute la différence...

Mais dans les derniers lacets des derniers kilomètres, on est interpellé par un Mont Blanc juste voisin qui focalise toute l'attention sur lui, au détriment du reste du paysage. Sa neige éternelle, d'une blancheur immaculée et rayonnante subjugue - c'est tout simplement ma-gni-fi-que !!!

Le dernier virage, mais depuis les premières vues sur le Mont Blanc, 
l'ascension ne compte plus, pas plus que la performance ou les muscles en souffrance

Je n'avais pas planifié d'assister à cela le matin, une préparation des sorties sérieuse mais pas totale, laisse place à des surprises qui magnifie encore plus l'émerveillement.

Sans aucun doute, l'un des face à face de ma vie

Comment est-il possible que ce col et son sommet soit si peu connus ? Plus que dans l'ombre de l'Alpe d'Huez et autres Galibier, Izoard et Mont Ventoux, il y a de grands trésors cachés ! Et je les découvre pour vous...

Vue panoramique du sommet du col de la biche - d'une beauté fastueuse, 
que la poésie et les lettres approchent d'exprimer.

Le silence et la solitude sont également les meilleurs compagnons de recueil. On ne parle pas, on n'écoute pas, on ne regarde pas, on ressent...

Il est temps de retourner à notre monde, l'éphémère est aussi l'essence de la valeur. Et sur Terre aussi, en contre-bas, il y a de belles choses comme ces forêts chatoyantes :

 De bien jolies couleurs et une belle diversité

On ajoute un peu de bleu de ciel, un peu de pente, de sédiments 
au sol pour un autre cliché fort sympathique.

Le col de la Lèbe franchi à l'aller dans un sens est revu en sens inverse pour revenir au point de départ. Un peu anecdotique après ce que j'ai vécu - la tête y est encore. 37 minutes de train pour revenir sur Lyon, bien 35 minutes de sommeil... Il me restait à écrire cet article et je me surprends doigts qui courent sur les touches par tant d'inspiration. A la hauteur de cette journée aux merveilles...

6 commentaires:

  1. Magnifique résumé. Il donne vraiment envie d'y aller! Mais pas forcément par Artemare pour mon cas personnel ;-).

    RépondreSupprimer
  2. Si tu veux un véritable face à face avec le Mont Blanc, dans un cadre exceptionnel, je te recommande le col du Joly (1989m) -> http://www.cols-cyclisme.com/recherche/Col+du+Joly.htm

    Le col est entre le col des saisies et le cormet de roselend, tu grimpe dans des pâturages avec vue ouverte sur le beaufortain et quand tu débouche au col tu tombe nez à nez avec le mont blanc. Une auberge en haut sert une alimentation savoyarde exquise pour le palais.

    RépondreSupprimer
  3. @Mathias: Merci pour le commentaire ! Peut être pourrais tu passer, pour moi cela aurait été impossible autrement qu'avec mon plateau de 30, mais un ami est passé avec le 39...

    RépondreSupprimer
  4. @Flo: Merci beaucoup pour l'info ! Je viens d'éditer un itinéraire possible... :)
    http://www.strava.com/routes/1080185
    Je suis trop tenté du coup, je vais voir si je peux encore réaliser cette sortie avant la fin de l'année :D Ca promet !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 2 améliorations sur ton parcours : tu fais un simple aller/retour au col du pré, alors qu'il existe un circuit magnifique qui bascule sur le lac de roselend après le col du pré, qui rejoint le col du méraillet et de la tu redescend sur beaufort. Niveau paysage, tu va te régaler. Par contre couvre-toi bien dans la descente car elle sera dans les arbres donc il risque de cailler sévère.

      l'autre optimisation, c'est la descente / remontée du col des saisies, plutôt que faire demi-tour à ND de bellecombe, tu tourne à gauche pour rejoindre crest volland et tu remonte par ce versant. c'est cette montée par crest volland qui est utilisée habituellement sur la time megeve mont blanc.

      Supprimer
  5. Belle sortie. Les couleurs de l'automne sont presque plus impressionantes que celles de l'été.

    RépondreSupprimer